Où en sont les PME et les ETI Françaises dans leur transformation numérique ?

En 2018, difficile d’ignorer l’omniprésence du digital dans notre quotidien : objets connectés, robots dotés d’intelligence artificielle, big data, réseaux sociaux… Le digital est partout et bouleverse profondément la vie des consommateurs mais aussi les codes des entreprises.

Une étude de la FEVAD (Fédération du e-commerce et de la vente à distance) révèle que 36,6% des Français faisaient des achats sur internet en 2017. Ce chiffre est en constante évolution. Le web a, notamment, révolutionné les habitudes de consommation et les attentes des clients, poussant ainsi les entreprises à réinventer leur business model pour rester compétitives. Des clients plus exigeants et impliqués, une société où l’instantanéité prime et dans laquelle le rapport au temps est comprimé, et des entreprises qui offrent de plus en plus de services personnalisés : nous sommes bel et bien dans l’ère de la transformation digitale ! 😉

Si les dirigeants d’entreprises s’accordent à dire que le numérique est une chance, est-ce pour autant une priorité stratégique pour toutes nos entreprises françaises ?
État des lieux de la transformation numérique des PME et ETI de l’hexagone.

Une révolution digitale et globale en marche

En 20 ans, les nouvelles technologies de l’information de la communication (NTIC) ont profondément modifié notre manière de communiquer et de travailler. Certains qualifient ces mutations profondes de « nouvelle révolution industrielle ». Au niveau technologique bien sûr, les changements sont visibles (smartphones, innovations, gadgets connectés, jeux vidéo…) mais le tournant numérique ne s’arrête pas là.

Un changement économique : ces mutations digitales font apparaître de nouveaux modèles économiques à forte valeur ajoutée. Blablacar, la plateforme communautaire de covoiturage, en est un parfait exemple. La montée en puissance de cette entreprise a obligé les sociétés existantes qui évoluaient dans le même secteur d’activité à se réinventer rapidement. Les grands groupes concurrents ont développé de nouveaux services comme la SNCF avec Ouibus, son service de bus à prix « cassés ».

Un changement sociétal : réservation d’un hébergement pour ses prochaines vacances sur Airbnb, commande d’un Uber depuis son Smartphone, vérification des horaires d’ouverture d’un commerce sur Facebook… Aujourd’hui, l’ensemble de la société modifie, partiellement ou totalement, ses usages et habitudes de consommation en y intégrant le digital.

Un changement anthropologique : en donnant la capacité au monde entier à recevoir de l’information instantanément et en continu, le digital modifie le rapport des individus à l’information et des individus entre eux.

 

Et pour les entreprises ?

C’est aussi une révolution numérique à grande échelle qui s’opère ! Il serait en effet réducteur de voir la transformation numérique des entreprises comme la simple adoption d’outils technologiques. Si vous avez décidé de proposer des outils bureautiques de pointe à tous vos salariés ou si vous vous êtes doté d’une application mobile pour vendre vos services, il s’agit dans ce cas-là d’une digitalisation d’une partie de votre modèle, mais on ne peut pas parler pour autant de transformation digitale, qui elle, est plus profonde.

À la différence de la digitalisation, la transformation numérique s’applique véritablement à toutes les strates d’une entreprise, sans exception. Du service des ressources humaines, au pôle marketing en passant par les forces de vente. Par conséquent, elle est transverse et vient transformer l’existant en modifiant en profondeur les codes culturels de l’entreprise.

On peut parler d’une transformation digitale réussie pour l’entreprise lorsque l’ensemble des changements opérés ont un vrai impact sur son business et son organisation.
Même s’il n’existe pas de recette magique ;-), voici 4 points clés, identifiés par Gilles Babinet, le Digital Champion de la France auprès de la Commission européenne, qui vous permettront de vous mettre sur les rails de la transformation digitale de votre entreprise :

1) Un CEO convaincu
La transformation numérique remet en question la culture même de l’entreprise. L’époque d’une hiérarchie verticale à 6 ou 7 niveaux est révolue. La transition digitale passe aussi par un remaniement de la hiérarchie avec très souvent un modèle beaucoup plus raccourci, vecteur d’innovation et de réussite. L’équipe managériale doit donner l’impulsion et être convaincue des bénéfices de la transformation digitale pour être capable d’accompagner les collaborateurs dans ce changement.

2) Un capital humain formé au digital
Selon une étude de Unow, spécialiste de la formation en ligne, 9 DRH sur 10 estiment avoir un rôle à jouer dans la digitalisation de leur entreprise. Conduire la transformation numérique est un des défis des ressources humaines. Il leur faut détecter et recruter de nouveaux talents et, éventuellement, organiser leur mobilité tout en proposant de nouveaux modes de formation pour faciliter l’acquisition de compétences (MOOC, plateformes d’apprentissage…).

3) Une gestion du temps à 2 vitesses
Atteindre un haut niveau de maturité digitale prend du temps ! Gilles Babinet parle de « temps courts et temps longs ». Il faut en effet être capable de gérer les projets de digitalisation sur le long terme tout en menant à court terme des « petites missions ». Autrement dit : des quick wins qui montreront concrètement aux équipes que la transformation digitale de leur entreprise est en marche et qui les mettront en confiance.

4) Une entreprise « ouverte »
Une entreprise transformée est une entreprise ouverte sur l’extérieur et en particulier sur l’amélioration de l’expérience client. L’entreprise se sert des usages numériques quotidiens de ses clients pour proposer des nouveaux services adaptés. La marque française d’optique Lissac, surfe par exemple sur l’avancée de la technologie 3D pour proposer à ses clients des prototypes de lunettes imprimées sur-mesure.

État des lieux de la transformation numérique en France et en Nouvelle-Aquitaine

Les PME et ETI sont sensibles à la notion de transition numérique et intègrent, petit à petit, des nouvelles technologies pour booster leur compétitivité. En France, selon le rapport Deloitte 2016, plus d’un million de PME disposent d’une page entreprise sur Facebook par exemple, pour valoriser leurs services ou rester à l’écoute des demandes de leurs clients.

Mais, ce chiffre encourageant doit être nuancé… En effet, si les opportunités engendrées par le digital ne sont plus à démontrer, nombre d’entreprises françaises restent encore sur un mode expérimental dans leur transformation numérique. Le rapport Deloitte sur la digitalisation des entreprises souligne ce retard.

 

La France, le mauvais élève de l’Europe ?
Les entreprises de l’hexagone ont encore des progrès à faire dans leur transition digitale pour rattraper leurs voisins européens. Quelques chiffres pour comprendre.

  • 70% des PME disposent d’un site internet contre 75% en moyenne dans l’UE,
  • 11% se sont dotées d’outils digitaux pour mesurer leur efficacité contre 18% en moyenne dans l’UE,
  • 10% des TPE sont dotées d’un outil back office (ERP, CRM, etc.) contre 48% en moyenne en Europe.

 

Un retard plus important pour les petites entreprises
Toutes les entreprises françaises ne sont pas égales dans leur processus de transition numérique. Les grandes entreprises sont généralement plus avancées alors que les PME ont encore du mal à adopter les codes des « grandes entreprises digitales ». L’étude réalisée par Lab BPI France sur environ 1 800 dirigeants de petites et moyennes entreprises et d’entreprises de taille intermédiaire, est sans appel : 87% des patrons interrogés ne voient pas la transition digitale comme une priorité pour le développement de leur business ! Manque de compétences en interne, craintes face au changement ou prise de conscience tardive… les facteurs expliquant ce retard sont nombreux et nous y reviendront. Si quelques progrès sont tout de même notables (55% des PME font des achats en ligne par exemple), les PME ne tirent pas pleinement profit des opportunités du digital. On note un réel décalage entre les usages des consommateurs au quotidien (7 consommateurs sur 10 achètent des biens en ligne) et les services jusqu’à présent proposés par les PME et TPE (seulement 1 sur 8 propose des solutions de vente en ligne).

Pour rattraper leur retard, les PME françaises ont besoin d’être accompagnées dans leurs démarches. Selon ce rapport Deloitte, « les PME françaises pourraient gagner jusqu’à 1,5 million de consommateurs domestiques en comblant leur retard ». Une bonne raison pour s’y intéresser sérieusement :).

 

Une maturité digitale hétérogène
Alors que plus de la moitié des entreprises en sont encore au stade de « l’entraînement », 15% font figures d’exception et se placent en haut du podium.

Face au digital, toutes nos entreprises françaises ne se trouvent pas au même stade. Il est en effet possible, selon Capgemini Consulting (2016), de mettre en avant différents profils qui tiennent compte de leur investissement dans le digital et des moyens mis en œuvre pour réussir leur transition.

Profil « Beginners » : plus de la moitié des entreprises françaises sont à ce niveau de maturité peu avancé. Leurs expérimentations numériques sont timides et elles restent sceptiques quant aux bénéfices de la digitalisation.

Profil « Conservatives » : 14% des entreprises en France sont convaincues des bienfaits que représente le numérique et utilisent le web partiellement, sans pour autant franchir le cap de la transition numérique.

Profil « Fashionistas » : ces entreprises n’ont pas de stratégie digitale à long terme. Elles sont 14% à utiliser les nouvelles technologies comme une « mode ».

Profil « Digirati » : ces entreprises se placent en haut du podium de la maturité digitale ! En France, elles sont seulement 15% à avoir intégré le digital comme outil de transformation stratégique. Dans la liste des entreprises qualifiées de Digirati, on retrouve entre autres des entreprises qui évoluent dans le secteur des nouvelles technologies, dans le domaine bancaire comme la Société Générale qui fait partie du peloton de tête ou encore les Télécoms.

Et ainsi, sans surprise, plus la maturité numérique des entreprises sera forte, et plus ses indicateurs de performance seront élevés : tant en termes de création de revenus, de profit que de valorisation boursière.

Et vous, savez-vous situer votre entreprise sur l’échelle de la maturité digitale ?

 

La Nouvelle-Aquitaine sur la bonne voie
Les 280 000 PME recensées en Nouvelle-Aquitaine évoluent principalement dans les domaines du commerce, des transports, de l’hébergement et de la restauration (sources : INSEE).

Sensibles aux opportunités offertes par le digital, les acteurs régionaux mettent en œuvre des actions de modernisation du territoire, en termes d’accès au très haut débit notamment. Et les chiffres sont là : la Nouvelle-Aquitaine obtient un taux de pénétration de l’internet à haut débit de 77% (en comparaison, celui de l’Ile-de-France est de 84%) qui participe au maintien d’une économie locale compétitive.

La région se distingue également avec une part importante d’entreprises e-commerce, parmi lesquelles le leader français Cdiscount, qui réalise 1,7 milliard d’euros de chiffre d’affaires avec 16 millions de clients. Du côté des PME, 11,2% des PME en Nouvelle-Aquitaine ont une activité e-commerce. Dans la liste, on retrouve notamment Millésima, leader du commerce de vin sur le web ou encore Léa Nature, fabricant de produits bio et naturels installé à La Rochelle, qui réalise un chiffre d’affaires d’environ 2,2 millions d’euros par an.

 

Des projets de transformation numérique innovants
La Nouvelle-Aquitaine ne manque pas d’idées pour accompagner et booster la transition numérique des entreprises.

Depuis septembre 2017, l’Agence de développement et d’Innovation (ADI Nouvelle-Aquitaine) s’intéresse en effet aux commerçants de proximité curieux de tester l’utilité du numérique sur leur business, avec le projet « Connecte un commerçant » (auquel nous participons ;-). 20 commerçants de la région Bordelaise (fleuriste, coiffeur, pharmacien…)  sont ainsi accompagnés par des experts du marketing digital afin d’identifier comment le numérique peut contribuer à leur activité. Un projet qui devrait permettre à ces entreprises de comprendre les enjeux du digital et de bénéficier de solutions concrètes pour une mise en application à court/moyen terme.

La Nouvelle-Aquitaine offre un environnement réellement propice à l’innovation et le domaine de la santé n’y échappe pas non plus. La start-up Bordelaise mesoigner.fr propose par exemple une solution de fidélisation de sa patientèle aux pharmacies 100% en ligne. En offrant aux patients la possibilité de passer commande en toute sécurité sur le site web d’une pharmacie et de récupérer leur commande dans la pharmacie la plus proche de chez eux, la société Bordelaise simplifie la relation pharmacie<>médecin<>client et répond de fait, à une vraie attente des consommateurs.

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